Nouveaux titres de littérature policière et fantastique

 Nous avons reçu les livres de littérature policière et fantastique que nous vous avions annoncés. Premier achat de l’association des Amis de la bibliothèque de Lauzès ! Merci à vous qui en êtes, à vous qui envisagez de l’être un de ces jours.
La moitié d’entre nos lectrices/lecteurs s’imaginent que nous parlons aujourd’hui de              « littérature mineure » mais l’autre moitié n’ignore pas que les mineurs peuvent devenir majeurs. Et pourquoi, je vous prie ? Parce que des auteurs savent ce qu’écrire veut dire. En d’autres termes, on ne vous a pas choisi du bas de gamme.
Nous ne savons plus quels fieffés sots nous avaient annoncé solennellement, il n’y a pas loin de soixante ans, la mort du roman. Voilà des critiques d’art pas trop doués pour la littérature d’anticipation !

Au bal des actifs
     Ces nouvelles sont le fruit d’un collectif. Pour eux qui s’imaginent encore que la « science fiction » suppose de petits hommes verts, qu’ils aillent donc découvrir comment de jeunes auteurs imaginent le futur du monde du travail. Vous vous doutez bien que ça ne déborde pas d’optimisme…

 
Des histoires fantastiques… À part Le Seigneur des anneaux, parions que vous n’en avez pas beaucoup lu. Réparez donc cet oubli :


La Destinée, la Mort et moi de S.G. Browne
Avoir une destinée n’est pas donné au premier venu qui n’a le droit qu’au sort…
Dans ce roman, le Sort en a marre de n’avoir à s’occuper que des losers et des gens sans envergure. Il va changer un peu tout ça, mettre enfin plus d’équité en ce bas monde. Mais bon, mener une rébellion cosmique n’est pas plus simple que faire la révolution dans le Quercy. Pour simplifier les choses, il tombe amoureux et va se mettre tout le monde à dos : Jerry, le Dieu tout-puissant, du genre plutôt mégalo, la Destinée nymphomane, Madame la Chance qui souffre de troubles de l’attention, Karma qui connaît toutes les détresses de l’alcoolique, et quelques autres encore.

     Avec L’Alchimie de la pierre, on quitte la satire. L’auteure, Ekaterine Sedia, est russe mais vit aux États-Unis. Dans le pays dit des Gargouilles, un « Mécanicien » a créé une automate douée de conscience. Elle le convainc de l’émanciper, ce qu’il accepte. Et pourtant… Disons que le monsieur est ambigu… Sur fond de guerre civile, Mattie devenue alchimiste pose des questions poignantes, embarrassantes.
La langue d’Ekaterina Sedia vous enchantera : adultes et adolescents seront sensibles à l’émotion qui s’en dégage.

La Reine en jaune
     Anders Fager, un Suédois, vous rappellera peut-être Lovecraft à travers ce recueil de nouvelles pas piquées des vers. Oui, c’est plutôt trash et déjanté. Nous le conseillons à celles et ceux qui préfèrent dormir debout que se coucher après avoir lu ces histoires… horribles ! Mais c’est écrit de main de maître.

Imagika de Clive Barker, un Anglais, a été renvoyé à l’éditeur par notre libraire, le livre est arrivé abîmé. Vous ne perdez rien pour attendre quelques jours. La couverture du roman est hideuse mais vous ne partagez sans doute pas nos goûts de vieilles rombières. À part ça, Clive Barker est considéré comme un digne successeur de Stephen King. C’est glauque et quelque peu perturbant. Mais vous n’avez évidemment rien contre les livres dérangeants.

     Nous en arrivons aux polars.

Prendre les loups pour des chiens, de Hervé Le Corre, est plus un roman noir qu’un roman policier. Ici ni détective, ni policier, mais du suspense, de la noirceur et un danger rampant qui ne dit pas son nom. Pour Michel Abescat (Télérama) : « Une prose limpide, sèche, qui vous transperce d’émotion. » [Ce serait bien bêta de plagier quand on peut citer…]
     Revenons aux États-Unis avec La nuit du revolver. L’auteur, David Carr, est devenu grand reporter au New York Times, mais on peut dire qu’il n’a pas suivi tout à fait l’apprentissage classique de la profession : il a connu la baston, pas mal de drogues, il a volé, dealé, on en passe et des meilleures.
Et puis, il y a les trous dans la mémoire, peut-être dus au crack. Le journaliste d’investigation emploie alors à son propre sujet les mêmes méthodes que celles qu’il emploie ordinairement pour découvrir la vérité sur une affaire. Ce qui l’intrigue : comment fonctionne la mémoire pour arranger des souvenirs. On n’en revient pas : cette enquête sur le passé d’un junkie, sur les bords de la folie est fascinante.

     Un thriller de Ali Land : Le sang du monstre. Un premier roman étonnant qui nous vient d’Angleterre. Annie, quinze ans, est placée en famille d’accueil : sa mère est une tueuse en série. Annie a les gênes de sa mère. Pas seulement : c’est d’elle qu’elle a reçu son éducation, ses valeurs, sa morale, son angoisse. Or elle commence à ressentir des pulsions qui la terrorisent. On ne vous en dit pas plus.

     Et pour finir sur le roman noir, voici de l’énigme et de l’humour à la fois. L’affaire de la belle évaporée de J.J. Murphy. Les dialogues sont écrits avec esprit ; on sourit. Mais on rit aussi pas mal.



Bonnes lectures !

De nouveaux titres et auteurs de littérature générale vous attendent!

     Des livres ont été achetés !      Dites-nous vite ce que vous en pensez : on va créer une petite étagère à part pour nos acquisitions « de l’année ». On attend vos premières impressions. Des polars et de la littérature fantastique (genre Stephen King ou post-apocalyptique ou « anticipation politique », ou autres) arriveront prochainement, mais voici pour ce qui est de la littérature générale.  –

D’abord un rare et précieux ouvrage dont vous avez sans doute entendu parler : Notre histoire. Un Chinois, Rao Pingru, raconte sa vie ou plutôt « leur » vie : sa femme Meitang est morte d’un cancer. Ils s’aiment tendrement. Il dit l’amour de toute une longue existence (il a 90 ans) ; pas seulement avec des mots mais avec des aquarelles qu’il a peintes pour donner à voir la Chine des années 30 à aujourd’hui. Pingru qui a passé vingt ans interné dans un camp de rééducation mêle petite et grande histoire avec simplicité et intelligence, grâce et bienveillance.      Ajoutons que sur le plan du travail de l’édition, le Seuil a fait un travail proprement admirable ! –

Moins « bienveillant » sans doute, Attachement féroce de Vivian Gornick. Une histoire d’amour, de haine aussi, pas après, mais en même temps. Une histoire bouleversante, lucide,  parfois drôle, entre une mère et une fille. Avec New York en toile de fond. –

Je sais. Vous connaissez l’inoubliable Je me souviens de Georges Perec (inspiré par le non moins bon I remember de Joe Brainard publié quelques années plus tôt). Je sais est aussi un inventaire surprenant et poétique. Charme fou de ce livre d’Ito Naga. Ito Naga n’est pas japonais du tout. Mais les femmes mariées (même si c’est moins vrai de nos jours) prennent souvent le patronyme de leur époux.                            Pourquoi pas l’inverse ? s’est dit Ito Naga.      En ouvrant le livre au hasard :

Je sais qu’il a fallu attendre pour finir cette phrase. Attendre que les mots remontent à la surface comme des bulles d’eau.

* Je sais que certains répondent du tac au tac, mais comment font-ils pour écouter et préparer une réponse en même temps ?

* Je sais qu’un signe de l’ironie est qu’on ne sait pas si c’est de l’ironie.

* Je sais qu’avec toutes ces naissances et toutes ces morts, ces maladies, ces accidents et ces bombes, ça fait chaque jour un sacré trafic entre ici et l’au-delà.

     Etc., etc. – Chaleur de Joseph Incardona` Ce n’est pas une blague : chaque année des concurrents viennent de toute l’Europe pour participer à des concours de sauna. Les cabines sont chauffées à… 110° ! Le dernier qui sort gagne. S’affrontent dans ce roman deux hommes : une star du porno et un ancien militaire russe. Écrit par un scénariste finlandais, ce livre passionnant nous interroge : que veut dire « aller jusqu’au bout » ?

On s’est déjà vu quelque part ? de Nuala O’Faolain. Une Irlandaise raconte scrupuleusement sa solitude, ses enthousiasmes, ses peurs. Un livre magnifiquement écrit qu’on ne peut pas résumer. C’est le ton qui est inoubliable. Assez pour qu’on ait eu envie de l’acheter pour la Bibliauzès alors que le livre a paru en 2002.

Toutes nos autres acquisitions viennent de sortir ! – Celui-ci date de février 2017. Mais l’histoire se passe en 1924. Le titre, Le dimanche des mères, de Graham Swift, est une allusion à une ancestrale coutume anglaise : les aristocrates donnent congé à leur domestique pour qu’ils aillent voir leur mère le dernier dimanche de mars. Jane, orpheline, n’a pas de mère à embrasser. Son amant, un jeune homme de bonne famille, veut passer avec elle sa dernière nuit avant son mariage. Il ne la reverra plus ensuite. Paul la laisse seule dans sa maison. Il part rejoindre sa fiancée. C’est alors que Jane va… changer de vie. –

Vous aimez Julio Cortazàr? Vous adorerez découvrir Mariana Enriquez. Cette écrivaine d’Argentine vous donne ici douze nouvelles pleines de suspense : Ce que nous avons perdu dans le feu. On s’attend souvent à voir apparaître on ne sait quel monstre, fantôme ou vampire. Mais non. De l’humain, rien que de l’humain, et pas très tendre, du réel, parfois violent ou désespéré. Pas vraiment pour les âmes sensibles, vous voilà avertis.

Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson. Philippe, Thomas… Une histoire d’amour entre deux garçons. Une histoire inachevée, secrète mais qui vibre à jamais. Racontée avec style.

Venez nous aider à trier le stock de votre Bibliauzès!

Ce vendredi, avec l’aide de la Bibliothèque de Cahors, nous désherbons la Bibliauzès. L’opération consiste à débarrasser les étagères des livres obsolètes ou « dépassés » (notamment parmi les documentaires de notre fonds). Nous avons aussi des dizaines de romans dont certains très joliment reliés et des polars en veux-tu en voilà.
Avouons-le, car nous sommes entre nous, c’est toujours un crève-coeur. Notre consolation serait bien évidemment de donner aux livres une deuxième vie.
Adhérents ou non, venez donc vous servir, même si c’est pour les revendre ou les donner à une association. Sinon, on n’ose vous dire ce que l’on serait obligé d’en faire…
La Bibliauzès est ouverte le mercredi de 14 heures à 19 heures. Que vous empruntiez ou non des livres, venez choisir ce qui vous ferait plaisir.
À bientôt.

Catherine Baker
& AnneMarie Balagny